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Bioluminescence : un avenir pour l’industrie de l’éclairage ?

Certaines espèces vivantes, notamment marines, produisent une lumière qui leur est propre : c’est la bioluminescence. Les besoins en lumière et les enjeux de sources énergétiques qu’ils supposent font de ce domaine un objet de recherche pour une future industrie biologique de l’éclairage, dans laquelle la bioluminescence constitue une option prometteuse.

Un biomimétisme au secours d’une industrie ?

L’éclairage urbain représente 19% de la consommation électrique mondiale, soit plus de 5% des émissions de gaz à effet de serre et de nombreuses études ont montré l’impact négatif qu’il génère en termes de pollution lumineuse et de biodiversité.

Aussi, afin de limiter l’utilisation d’énergies non renouvelables et réduire cette pollution lumineuse, certains chercheurs se penchent sur la possibilité d’imiter les facultés bioluminescentes d’organismes naturels et d’en faire une alternative crédible à l’éclairage urbain actuel.

En effet, de nombreuses catégories de notre faune et de notre flore ont développé des capacités de bioluminescence, c’est notamment le cas pour 80% des espèces marines répertoriées telles que les méduses ou des planctons, d’insectes comme les lucioles ou certains types de vers ou encore plusieurs catégories de champignons.

La France en tête de la course à l’innovation

La course à l’innovation de rupture que constitue « la lumière vivante » est mondiale.

Des projets américains, russes, britanniques ou encore danois se sont engagées sur cette voie mais ont connu un succès limité.

Et c’est en France que la recherche semble s’approcher du but, grâce à deux start’up : la strasbourgeoise Woodlight qui travaille sur le transfert des gènes bioluminescents de certains animaux sur des plantes avec l’idée de fournir aux villes un éclairage plus doux tout en apportant fraicheur et purification naturelle de l’air, le tout à partir d’une énergie 100% recyclable.

La francilienne Glowee  est pour sa part plus avancée, avec la mise au point d’une lumière liquide produite par des bactéries. 

Ce laboratoire sélectionne et cultive dans des aquariums, des milliards de bactéries marines naturellement bioluminescentes qui s’illuminent au contact de l’oxygène. Ces « réacteurs » boostent les micro-organismes en nutriments et en oxygène contrôlés, ce qui leur permet de diffuser un éclairage naturel et agréable.

L’idée est donc de générer de la lumière de façon durable puisqu’en dépit d’une durée de vie limitée, les bactéries se reproduisent à l’infini, permettant ainsi l’accès à une source de lumière propre. Cette innovation pourrait ainsi révolutionner l’industrie de l’éclairage et le paysage lumineux, notamment urbain.

Ainsi, après avoir conquis certains espaces intérieurs, à l’occasion d’installations à usage pédagogique ou de relaxation, les « Glowzen Room », la start’up ambitionne désormais de conquérir des modes d’utilisation en extérieur urbain et ce en dépit des difficultés liées au contrôle de la température extérieure.

La bioluminescence à la conquête des villes françaises

La première ville à avoir soutenu cette initiative innovante est la ville de Rambouillet qui a ouvert ses portes à la jeune entreprise, lui offrant un contrat d’expérimentation de 100.000 €, dans le cadre d’un partenariat de deux ans.

Le projet vise à installer un mobilier urbain sur l’une des places de la ville en 2022 et mettre en avant les avantages de la bioluminescence et ce à travers un objet de signalétique innovant, alimenté à la lumière liquide et qui qui consistera en une sorte de fleur stylisée avec un écran d’annonces des évènements culturels.

En attendant d’investir les villes françaises, des discussions sont en cours avec une quarantaine d’agglomérations.

Nos lampadaires définitivement remplacés par la bioluminescence ?

A ce stade d’avancement, la lumière produite par ces procédés reste insuffisante pour une utilisation poussée, en éclairage de route par exemple, mais elle est tout à fait adaptée en remplacement de certains éclairages de façade ou de signalisation, permettant ainsi une réduction de la pollution lumineuse, en utilisant une énergie renouvelable et respectueuse de la biodiversité nocturne.